Le CDI est-il une prison ?

Publié le par Marthe

Le CDI est-il une prison ?

Je ne sais pas pour vous mais moi, ça m'arrive régulièrement d'avoir une réaction avec un élève que je ne sais pas expliquer. Je me demande souvent pourquoi je ne sais pas résister à ça : http:

//gribouillesdedoc.wordpress.com/2013/02/20/la-botte-secrete-du-chat-potte/ ; pourquoi je perds mes moyens quand Hugo se met à pleurer à grosses larmes quand je viens le voir pour m'assurer qu'il va bien après s'être fait taper par Inès ; pourquoi j'ai du mal à refuser à un élève d'emprunter un livre quand il en a déjà 4 chez lui...

Cette année, je participe à un stage d'analyse de pratique dans le cadre du PAF. La formation est centrée sur le lien entre notre parcours d'élève et notre manière d'enseigner aujourd'hui.

Nous sommes une dizaine d'enseignants toutes disciplines confondues.

Un des exercices proposés a consisté à réfléchir aux valeurs, celles de notre famille et les nôtres. Quelles sont les valeurs qui nous ont été transmises ? Quelles sont les valeurs qui nous influencent dans notre métier ? Nous avions un arbre à remplir : les grands-parents, les parents, les frères et soeurs, nous.

Tout en bas, dans la case « Les valeurs sur lesquelles je m'appuie dans mon métier actuel », j'avais écrit :

bienveillance        justice        écoute        liberté        générosité

Et en expliquant au groupe pourquoi j'avais déterminé ces valeurs, j'ai raconté une situation vécue avec un élève.

Comme tout le monde le sait, au collège, les élèves ne peuvent pas être seuls dans les couloirs pour des questions de sécurité et de responsabilité. Dans mon collège, le CDI est au premier étage. Pour les récrés et le midi, je vais donc les chercher dans la cour et ils s'engagent à rester jusqu'à la sonnerie. Ce jour-là, il est 13h30, Arnold et son copain, des élèves de 3° un peu rebelles, un peu en marge et qui viennent régulièrement au CDI, me demandent s'ils peuvent redescendre. Je réponds: « Non, lorsque vous venez au CDI le midi vous vous engagez à rester jusqu'à la sonnerie. » Arnold me répond : « Ah, donc le CDI est une prison dans une prison ! » J'ai souri, un peu sidérée et je les ai laissé partir.

Tout le groupe de la formation ont été surpris de ma réaction et j'ai réalisé à ce moment là que la valeur de liberté avait plus d'importance que les autres, ou en tout cas que c'était celle que j'avais le plus de mal à contrôler parce qu'elle prévalait sur d'autres.

J'ai été élevée dans une famille où nous avions beaucoup de liberté, cela m'a obligée à être responsable. A l'adolescence, je n'avais pas de couvre-feu alors je rentrais tôt de moi-même. Et en même temps ça a créé chez moi un sentiment d'insécurité puisque il n'y avait que moi pour m'arrêter. Et sans m'en rendre compte je reproduis ce système avec les élèves.

Je n'ai pas supporté qu'Arnold emploie le mot prison pour désigner le CDI parce que j'ai dans l'idée que le CDI est un lieu refuge, un lieu pensé pour les élèves et qu'ils devraient s'y sentir toujours bien.

Et finalement, il a tort et moi aussi.

 

Je suis véritablement convaincue que les élèves se sentent toujours mieux lorsqu'il y a des règles claires et qu'elles sont respectées. Et en même temps ils passent leur temps à vouloir les enfreindre et moi à me dire « et pourquoi je les laisserai pas ? »... Alors je lutte contre moi-même pour me rappeler pourquoi j'ai décidé qu'il y aurait des règles, que le CDI est un lieu de liberté mais collectif qui doit forcément être régi par des règles.

Au bout de 3 ans, je commence seulement à être sure de certaines règles. Et parfois, un élève me fait une remarque sur une règle qui ne fonctionne pas complètement et ma réflexion repart à zéro...

 

J'envisage à la fin de l'année d'organiser un Conseil du CDI où tous les élèves volontaires viendrait débattre et prendre des décisions sur le fonctionnement du CDI.

Je rappellerai d'abord le rôle du CDI et mes missions pour qu'ils ne transforment pas le CDI en foyer !

Le CDI est-il une prison ?
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