Les règles, les cancres et les moutons...

Publié le par Marthe

Les règles, les cancres et les moutons...

Je souhaite que les élèves puissent trouver au CDI un lieu propice au travail. Il faut que chacun puisse travailler ou lire en silence et de façon efficace. J'établis donc des règles pour tous : chuchoter, venir au CDI pour travailler ou lire.

Si les élèves ne respectent pas ces règles, je passe une heure à leur rappeler les règles et à leur faire comprendre qu'ils ne pourront pas revenir au CDI s'ils continuent. S'ils veulent profiter du CDI, ils en respectent les règles ou n'y viennent pas, ainsi, tout le monde est content. Moi je ne me fatigue plus à leur rappeler les règles et les élèves qui ont intégré les règles ne sont pas dérangés par ceux qui n'y arrivent pas.

Oui mais voilà, la plupart du temps, je n'y arrive pas. Deux raisons majeures m'empêchent d'appliquer jusqu'au bout ces règles :

- La première est que je souhaite que le CDI soit le lieu de tous les élèves et qu'ils se l'approprient. Alors il ne faut pas faire fuir les élèves qui ne sont pas dans le moule. Si j'impose le chuchotement à tous les élèves, je vais perdre toute une partie du collège. Je veux que les « cancres », les ascolaires, les hyperactifs puissent trouver leur place au CDI aussi.

Alors je me retrouve à faire plutôt du cas par cas. Je vais être plus ou moins exigeante selon les niveaux et les élèves. Je ne vais pas reprendre un élève souvent agité s'il n'arrive pas à chuchoter alors qu'il a réussi à se calmer et à travailler pendant une heure. Souvent, je me dis que je m'y prends mal et que je serais plus sereine si j'avais réussi à mettre en place ces règles strictes. Et puis parfois il arrive des petits miracles qui me font dire que ça vaut le coup :

Il y a un groupe de trois filles de 3° qui viennent de temps en temps au CDI. Deux prennent un livre et elles passent l'heure à papoter plutôt qu'à lire. Quand je leur dis de faire doucement, elles s'excusent et baissent la voix. Un midi, je vais ranger les livres à côté d'elles, et l'une d'elle me demande s'il n'y a pas des romans drôles au CDI qu'elle pourrait lire, un livre avec des dessins. Je lui sors Le Journal d'un dégonflé. Elle est contente et veut l'emprunter, elle me demande comment elle doit faire. Je réalise qu'elle n'a jamais emprunter de livre au CDI depuis sa 6°. Je pense alors que si j'avais été plus exigeante avec ces trois élèves, et avais imposé qu'elles aient chacune un livre et qu'elles lisent silencieusement, cette élève ne serait probablement plus revenue au CDI et n'aurait pas emprunté ce livre. J'ai jugé ça comme une petite victoire.

- La deuxième raison est que je ne veux pas d'élèves moutons. Parce que je ne souhaite pas apprendre à mes élèves à respecter une règle seulement parce qu'il faut respecter les règles. Je souhaite que mes élèves sachent réfléchir aux règlements qu'on leur impose et qu'ils sachent dire qu'ils trouvent ça injuste ou absurde quand c'est le cas. Je ne veux pas que mes élèves deviennent des moutons, des citoyens qui ne remettent en questions aucune institution. Alors je me veux une responsable à l'écoute et j'essaye au maximum d'entendre leurs doléances. Le problème c'est que souvent, ils ne voient pas plus loin que leurs besoins personnels et que leurs propositions vont à l'encontre du besoin collectif, il me suffit d'une remarque pour leur faire comprendre les limites de leur proposition. Mais je crois aussi que c'est le moyen pour leur faire intégrer certaines valeurs et qu'ils réalisent l'importance de ce besoin collectif. Car avant tout je souhaite que mes élèves respectent les règles parce qu'ils ont acquis une éthique et non parce qu'ils sont de braves petits moutons.

 

Je suis persuadée que l'on peut enseigner avec bienveillance et sans violence. Je pense que ça peut également être le cas pour l'accueil des élèves en autonomie au CDI. Ma réflexion est encore en construction concernant le "comment" !

 

Publié dans accueil, Règles de vie

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