L'HDA ou l'art de la notation

Publié le par Marthe

Il y a toujours un moment où ça commence à bouillonner et à grincer en salle des profs. Ce sont les oraux d'Histoire des Arts. Je crois qu'il se joue pendant ces oraux des tas de choses dont on n'a pas idée. Parce que tous les profs et tous les 3° sont concernés et parce que ça compte coef 2 au Brevet, on se prend la tête des broutilles qui n'en sont pas et les frustrations, les rancoeurs, les lubies sont révélées fois mille.

Allégorie des arts, Hans Rottenhammer, Gemäldegalerie Berlin (Wikimedia Commons)

Je m'explique. Il y a les textes, la procédure, le barème, qu'on essaye tant bien que mal d'appliquer et puis il y a la réalité. On demande à nos élèves de nous présenter un travail qu'il ont fait pendant l'année. Mais pas n'importe quel travail, une œuvre d'art. Et là, on rentre dans des sphères qu'on ne maîtrise plus.

Et puis la dimension personnelle n'aide pas, on va défendre des élèves qu'on connaît depuis la 6° et avec qui on n'a jamais eu de problème et au contraire on ne fera rien pour les élèves avec qui ça n'a jamais collé... Et tout d'un coup, c'est presque nous qui avons passé nos oraux et nous qui revivons toutes nos blessures d'adolescents.

Evidemment, tous les jurys ont eu divers critères d'évaluation... C'est pour ça qu'on s'engueule pendant la réunion d'harmonisation et que pour certains mettre en dessous de la moyenne ça n'est pas une possibilité parce qu'on plante les élèves pour le brevet et pour d'autres on ne pas mettre autre chose que zéro à un élève qui n'avait préparé qu'une seule oeuvre...

On ne sera jamais d'accord sur les critères de notation, on n'aura jamais la même façon d'évaluer.

 

Pour ma part, sur les 10 élèves que l'on a écouté, ma collègue et moi, trois élèves ont été très différents et révélateurs de notre manière de noter.

Le premier est un élève allophone qui reste souvent seul et ne parle pratiquement jamais. Pendant son oral, il ne fait pas de phrases complètes et a du mal à structurer son exposé mais il a compris le sens de l'oeuvre et fait preuve d'une grande sensibilité. On sent l'ampleur du travail que ça lui a demandé pour arriver à cette présentation. On a décidé de lui mettre 17.

Le deuxième est un élève légèrement décrocheur. Il a fait l'effort de s'habiller plus classe que d'habitude, il se trompe sur le contexte historique et a oublié une partie des éléments importants mais explique pourquoi cette œuvre l'a touché et comment il a découvert une musique qu'il ne connaissait pas. On lui met 14.

Le troisième est une élève très scolaire mais très froide pour ne pas dire antipathique. Elle présente l'oeuvre très clairement, elle a compris le sens et a fait un oral très clair et bien structuré mais quand je lui demande à deux reprises son avis sur l'oeuvre et ce qu'elle a pensé de ce travail, elle répond qu'elle n'a rien à dire et elle a l'air de s'en moquer royalement. On lui met 15.

 

D'après ces exemples, il y a trois choses que je remarque sur notre manière de noter :

1. Le critère de la sensibilité à l'art a pris beaucoup d'importance.

2. On a été influencé par ce qu'on connaît des élèves, leur manière d'être et de travailler.

3. Ca a été pour nous le moment où les élèves qui n'ont pas de très bonnes notes pendant l'année peuvent être valorisés.

 

Je ne suis pas mécontente de nos critères d'évaluation, je suis convaincue qu'on a fait ce qui nous semblait le plus juste en fonction des élèves mais il me reste cette impression d'inachevé parce que tout ça reste en dehors de mon contrôle.

Publié dans HDA, Evaluation

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